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Merci de votre compréhension.

Damien Froidurot
L'ensitoilleur.
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Alain Mabanckou, Prix Renaudot


A sa mort, chaque homme a un double animal. Le double de Kibandi est un porc-épic dont la mission est de commettre des meurtres au nom du défunt. A son centième assassinat, le porc-épic se met à avoir des états d'âme et rédige ses confessions, auprès d’un baobab. Ainsi commence Mémoires de porc-épic...

En couronnant l’ouvrage de Alain Mabanckou, le Renaudot, comme le Goncourt à l’Américain Jonathan Littell et le Femina à la Canadienne Nancy Huston, salue un auteur qui renouvelle, par l’Amérique du Nord, la littérature francophone. Né au Congo-Brazzaville, Alain Mabanckou enseigne à UCLA, la prestigieuse université californienne, après avoir été professeur à l’université de Michigan-Ann Arbor pendant quatre ans. Ayant fait ses études à Paris, Alain Mabanckou aurait pu enseigner dans une université française, mais c’est aux Etats-Unis que lui ont été offertes les opportunités. Dans un entretien qu’il nous avait accordé il y a quelques semaines, Alain Mabanckou dénonçait le « corporatisme » de l’Université française : « Il y a encore une hiérarchie en France, et l’expérience, l’enthousiasme ne sont pas encore des éléments crédibles dans un système où il est mieux d’être médiocre et diplômé que brillant et pragmatique. ».

Les Etats-Unis :
avenir de la
littérature
francophone ?

Les Etats-Unis : avenir de la littérature francophone ? Nombre d’écrivains africains et caribéens de langue française ont ainsi trouvé leur place au sein du monde universitaire américain : Asia Djebar et Edouard Glissant (Bâton Rouge), Maryse Condé (Columbia), Jacques Coursil (Cornell), Angèle Kingué (Bucknell) etc. Au-delà de ces brillants écrivains, ce sont des milliers de migrants d’Afrique et des Caraïbes qui font vivre la langue française en Amérique du Nord. Alioune Deme, professeur à Houston, évoquait le rôle des tresseuses sénégalaises dans la mise en place de « clubs de français » dans les lycées de la métropole texane… Au Canada anglophone, Léonie Tchatat, d’origine camerounaise, a crée une revue francophone – Touala – après avoir fondé le Centre des Jeunes Francophones de Toronto. Cette réalité est très largement ignorée par la francophonie institutionnelle et par les médias français. Le dernier hors-série de la revue Géo consacré aux « Français d’Amérique » n’en disait pas un mot. Le phénomène est pourtant ancien. Se souvient-on qu’au début du XVIIe siècle, les explorateurs français, pour communiquer avec les Amérindiens, s’étaient alloués les services d’un Noir libre, l’interprète Mathieu Da Costa ? Au-delà des Prix et des congratulations, il serait temps que la France ouvre les portes de ses universités à ceux qui portent le rayonnement francophone.

Comme nous le confiait Alain Mabanckou, « la Francophonie devra changer de visage, ne plus être considérée comme la continuation de la politique étrangère de la France par d’autres moyens. Et puis, sur le plan de la création, c’est à la France d’intégrer la francophonie et non le contraire. La France demeure une nation, l’espace francophone est une globalité, un pont entre continents. »

François DURPAIRE, 16 novembre 2006.

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